En cette année charnière qui nous conduit au 3ème millénaire,
Jeannie "la championne du siècle" ne pouvait certainement
pas rêver plus belle fin de saison.

Après le bronze à Sydney, l'argent aux championnats du monde de Plouay,
la voici au sommet de son art sur sa piste fétiche de Mexico.

Depuis que l'Union Cycliste Internationale avait décidé de modifier
les règles du record de l'heure, en distinguant deux catégories :

- La meilleure performance dans l'heure" ( détenue par Jeannie sur un vélo
avec un cadre plongeant et roues lenticulaires en 48,159 Km)

- Le record du monde de l'heure qui ne peut être tenté que
sur un vélo dit "classique".

Jeannie se devait de relever le défi pour inscrire son nom sur l'ensemble des tablettes concernant les deux formules désormais proposées par l'UCI.

Dès le lendemain des championnats du monde, encouragée par Patrice son mari, elle avait scrupuleusement préparé sa 5ème tentative du genre. Réservation des billets d'avion, de l'hôtel et surtout du célèbre vélodrome, Jeannie, experte en management pour la préparation des records n'avait rien laissé au hasard. 1 kiné, 2 techniciens (américains), 1 mécanicien (français), et sa compagne de route Karine Dalmais faisaent aussi partis du voyage.

Entre-temps, l'Australienne Anna Wilson qui n'avait pas perdu le sien, venait à Melbourne d'établir un nouveau record de l'heure en 43,501 kilomètres.

Le dimanche 5 novembre, à pied d'oeuvre sur la piste olympique depuis une semaine,
les handicaps habituels de Mexico, pollution, vent et humidité s'étant estompés,
il est 11h23 lorsque Jeannie peut enfin s'élancer.

Après une heure d'efforts intenses à 2250 mètres d'altitude, l'exploit est
une fois de plus au rendez-vous.

En 44,767 kilomètres soit plus d'un kilomètre de mieux que le record de Wilson,
Jeannie reprend son bien et inscrit une nouvelle page mythique du Record de l'Heure.

Cependant, Jeannie "la cannibale"(comme l'on surnommé certains chroniqueurs)
n'est pas complètement
satisfaite :
l'objectif fixé au départ était de franchir le seuil symbolique des 45 km.

Qu'à ce cela ne tienne, il lui reste une semaine à Mexico
pour tenter d'améliorer sa performance.

Mais "pour l'heure" les circonstances en décident autrement : une crevaison au bout
de 10 minutes de course dans sa deuxième tentative le dimanche suivant et Jeannie doit
repartir pour Grenoble sans avoir pu améliorer son propre record.

Pourtant avec son mari elle n'en démord pas.
Persuadé de son potentiel, elle veut revenir à Mexico le plus vite possible.

Un mois plus tard c'est chose faite et malgré des conditions climatiques difficiles, déterminée comme jamais, Jeannie récidive.

Ca y est ! Son obstination,
une fois de plus a payé.

Ce jeudi 7 décembre, il est 17h15 (heure locale) Jeannie vient de parcourir 45,094 kilomètres dans l'heure, soit 327 mètres de plus que son précédent record. 

Quelques minutes plus tard, devant les journalistes ébahis elle déclare :

"Les dernières dix minutes je savais que le record était là. Je me suis sentie bien durant les dix premières minutes. Ensuite cela a été plus difficile parce que le soleil a changé de position et que les nuages sont arrivés. Le matin à Mexico il y a beaucoup d'humidité et le soir trop d'air, sans parler du froid de ces derniers jours. Je suis contente parce que l'objectif est atteint. Il était de passer les 45 km/h".

A 42 ans passés, Jeannie n'est toujours pas lasse de faire "la guerre" au temps qui passe.

Pourtant au-delà d'un énième record, c'est une victoire sur l'éternité qu'elle a définitivement remportée, tant il est vrai qu'un grand champion jamais ne meurt, si toujours au rendez-vous de l'histoire il est à l'heure. 

Fantastique résultat pour Jeannie face à une concurrence pourtant très relevée.

C'est donc emplie de bonheur que Jeannie est rentrée en France forte d'une ligne de plus à son incomparable palmarès et satisfaite de sa performance.

Un bonheur qu'elle partage avec tous ses fans, ces passionnés qui l'ont soutenue et qu'elle remercie chaleureusement en leur dédiant cette médaille.